On achète 4 seiches sur le marché de Sète. On les prépare, on enlève la peau, les yeux, le bec. On mange les seiches avec de l'ail et de l'huile d'olive. En fermant les yeux, on rend grâce à Poséidon pour tant de volupté. Et puis on regarde ces 4 petits becs de chitine posés sur la planche à découper.
Ces petits becs sont communs à tous les céphalopodes, qui leur permettent de briser les carapaces de leurs proies. Certaines espèces injectent même du venin par celui-ci. Et l'on pense de nouveau à l'intimité de la femme du pécheur, qu'un poulpe géant fouit chez Hokusai.
On pense au tranchant tapi dans ce tumulte de chairs, au tranchant retenu, aux dents, au danger, à l'alliance d'Eros et Thanatos. A la tension entre ces pôles. A la gestion de la dualité des philosophies orientales. A l'investissement raffiné que peuvent mettre les japonais dans toute chose.
Et puis l'on tape "pieuvre" (たこ) en japonais sur Google...
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